Bien qu’elle ne porte son nom que depuis 40 ans, la Patrouille de France hérite, des nombreuses expériences du temps passé, le savoir-faire et la virtuosité. Des exploits individuels d’Adolphe Pégoud avant 1914 à ceux d’Alfred Fronval après la Grande Guerre, d’Étampes à Salon de Provence pour les patrouilles, une page d’histoire est à dédier à ceux qui ont oeuvré pour le renom de nos cocardes.
Août 1913, Adolphe Pégoud essaie un parachute. Alors qu’il vient d’abandonner son Blériot, il s’aperçoit que l’avion, livré à lui-même, se met à évoluer curieusement. L’idée est née : faire de la voltige, voler sur le dos. La grande aventure de l’acrobatie aérienne débute et le 21 septembre de la même année, toujours à Buc, Pégoud effectue retournements, boucles, tonneaux et montées en chandelle. Qui dit voltige dit spectacle. Le 12 octobre, c’est la première et véritable représentation de ce pionnier devant 200 000 spectateurs. Vienne, Berlin, Hanovre, Gand et Bruxelles marquent les étapes de la première tournée de ce démonstrateur français. Un nouveau style s’initie après le « Cirque de Moisant » et les shows tels que les pratiquait Roland Garros dans le ciel nord américain vers 1910. Hélas la Grande Guerre est là et ces inventeurs d’un nouvel art s’illustrent et disparaissent au combat. Le sous-lieutenant Pégoud (six victoires) est abattu le 31 août 1915. Le 5 octobre 1918, c’est au tour de Roland Garros (quatre victoires).Après l’Armistice le spectacle continue. Albert Fronval, Marcel Doret, Michel Detroyat pour ne citer qu’eux l’animent avec brio. Le sexe prétendu faible s’en mêle avec Adrienne Bolland, Hélène Boucher ou Maryse Bastié. Les records se succèdent, parfois insolites comme celui de Fronval qui enchaîne 1111 boucles en un peu moins de cinq heures. Les compétitions prennent forme avec des programmes imposés et libres à l’appréciation de l’oeil expert des juges spécialistes. Il faut se mesurer aux étrangers, à l’Allemand Feiseler ou à sa compatriote Leisel Bach, mais avant les années trente, le travail ne s’effectue qu’en solo.
La Patrouille d’Étampes
Il faut attendre 1931, l’initiative et le talent d’un groupe de moniteurs de l’Ecole de perfectionnement de Mondésir pour voir naître le premier groupe de voltige militaire avec la Patrouille d’Etampes sur Morane Saulnier MS 230. Le capitaine Amouroux et ses équipiers les adjudants-chefs Carlier et Dumas forment le premier trio. Le lieutenant Fleurquin, un an plus tard, prend la tête de cette formation prometteuse et, avec le concours de ses pilotes, la conduit sur les chemins de la postérité. En 1935, le MS 225 remplace le MS 230 et dès 1936 les évolutions s’accomplissent à cinq. En 1937, à la suite de la dissolution de l’Ecole d’Etampes la formation se replie sur Salon-de-Provence et prend le nom de Patrouille de l’Ecole de l’air.
Entre temps, la 1er escadrille du GC 1/7 de Dijon, se dotant en janvier 1934 de MS 225, constitue à son tour un dispositif aérien de prestige : la Patrouille Weiser de Dijon, du nom du commandant Weiser son premier « leader ». Une spécialité de cette patrouille réside dans le fait de lier les avions l’un à l’autre lors des représentations. Elle compte jusqu’à 18 avions grâce à l’apport des Blériot SPAD 510 du GC 11/7. La Fête des Cocardes en juillet 1937 représente une consécration pour ces patrouilles et pour les démonstrations individuelles d’Adam, Amouroux, Borde, Clavière, Fleurquin, Pouyade et Weiser.