Michel Détroyat fut un des aviateurs les plus célèbres de l’Entre-Deux guerres. Né en 1905 dans une famille militaire, il s’engagea à 18 ans dans la cavalerie et dès 1924 entra à l’Ecole de pilotage d’Istres. En 1927, ses démonstrations d’acrobatie aérienne stupéfièrent Lindberg, alors au faîte de sa gloire. A 23 ans il devint chef pilote de la maison Morane où il mit au point le modèle 230 appelé à un bel avenir. Malgré deux graves accidents, en juillet 1930 à Bucarest, puis en octobre 1931 à Tours, il poursuivit une brillante carrière de pilote d’essai et de spécialiste de la haute école aérienne, gagnant de nombreuses courses, multipilant les records, représentant l’aviation française dans les grandes compétitions internationales. Il reçut la Légion d’Honneur à 26 ans en 1931 et fut fait officier 5 ans plus tard. La période de la guerre fut difficile pour lui. Condamné en 1945 pour collaboration, il se réfugia en Argentine et revint en France pour mourir d’une embolie à Neuilly en octobre 1956.
L’ex-voto de Notre-Dame de La Garde représente le Morane 230 que Détroyat utilisa fréquemment. C’était un appareil léger d’observation, monté par deux hommes. D’un poids total au décollage de 1100 kg, il avait une autonomie de 460 km avec un plafond à 4700 mètres. Son moteur Salmson de 230 cv lui conférait une vitesse de 204 kilomètres à l’heure. Très maniable, il fut utilisé pour l’instruction et pour l’acrobatie ; de 1933 à 1943, l’Armée de l’Air en reçut cent soixante exemplaires.
Sous l’aile de la maquette est inscrite la date de mai 1930. Ce mois fut particulièrement chargé pour Détroyat. Le 2, il était à Barcelone, le 3 à Oran pour un meeting, le 5 à Tunis. Au retour, il passa à Marseille le 7 ou le 8 ; le 11, il présentait le Morane 230 au Bourget. Le 13 il repartait pour Tunis, touchait Dijon le 18, tenait ensuite un meeting à Alger, rentrait le 30 à Paris qu’il quittait de nouveau le 31 pour Athènes.
Le registre des ex-voto de la basilique mentionne à la date du 21 mai «petit aéroplane peint offert par l’aviateur Michel Détroyat, de Paris». Notre pilote l’avait-il apporté lors de son passage du 8 mai et le chapelain a-t-il tardé à l’inscrire ? Ou Détroyat a-t-il fait une nouvelle escale à Marseille entre Dijon et Alger et est-il monté à ce moment à Notre-Dame de La Garde ? Nous penchons pour la seconde hypothèse.
Quoi qu’il en soit, la Bonne Mère dut veiller spécialement sur l’aventureux qui l’avait invoquée. Deux mois plus tard, le 29 juillet 1930, celui-ci casa son appareil à Bucarest et fut assez sérieusement blessé. Malgré les inquiétudes que son état inspira d’abord, il se rétablit parfaitement en quelques semaines.
Cet ex-voto propitiatoire traduit bien, sur le plan spirituel, l’enthousiasme que l’aviation, sport dangereux, suscitait dans le public.
Maquette d'avion en bois peint en noir et rouge. Monoplan à aile haute tenue par des haubans rigides. Carlingue fuselée. Train d'atterrissage fixe. Hélice bipale. Longueur hors tout : 35 cm ; envergure : 50 cm
Inscription manuscrite sous l'aile gauche : "Ma Bonne Mère je mets sous votre très grande protection l'aviateur Michel Détroyat. Mai 1930" Inventaire n° 698