Michel Détroyat, l’As français, et son «château» des Weppes
PUBLIÉ LE 11/01/2015
La Voix du Nord
L’endroit est reconnaissable par beaucoup d’automobilistes roulant sur la RN41. En direction de Lille, à droite à hauteur de Wavrin, un long chemin mène à un grand pavillon. Ce terrain fut la propriété de Michel Détroyat, l’un des plus grands pilotes français de tous les temps. Voici son histoire.
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Michel Détroyat, considéré comme l'un des meilleurs pilotes français ayant existé.
Michel Détroyat est fasciné par l’aviation. À peine sorti de l’adolescence, ce Parisien de naissance rejoint l’armée et entre à l’école de pilotage d’Istres en 1923. Il n’a que 18 ans. Il gravit les échelons rapidement et provoque l’étonnement grâce à ses aptitudes. Nommé moniteur au Bourget, il participe à la première « patrouille d’acrobaties ». Le 21 mai 1927, Michel Détroyat est choisi pour escorter Charles Lindbergh qui vient d’accomplir sa traversée de l’Atlantique.
Chef-pilote à 23 ans !
La reconnaissance ne tarde pas. En juin 1927, il rejoint la société Morane-Saulnier qui compte dans ses rangs un certain Roland Garros. Michel Détroyat devient second pilote et instructeur auprès d’un autre Nordiste célèbre, Alfred Fronval, champion du Monde d’acrobaties aériennes de cette même année. Or, ce dernier se tue dans un accident en 1928. Ainsi, Michel Détroyat se retrouve chef-pilote de la meilleure école du monde à seulement 23 ans ! En plus de briller lors de figures acrobatiques, il est en charge des essais et de représenter les modèles Morane-Saulnier dans le monde. Dès lors, son palmarès s’enrichit de manière incroyable.
Malgré un accident à Bucarest en 1930, il poursuit sa carrière et bat le record officiel de vol sur le dos le 25 décembre 1932, avec un temps de 26 minutes 24 secondes. Dans les années 30, son talent fait de lui l’un des meilleurs pilotes au monde. En octobre 1933, il décroche le titre de champion du monde d’acrobatie. Côté privé, il rencontre une pilote amatrice Fanny Barois, riche héritière d’une famille de Marquillies. Le couple décide de s’installer à Wavrin, avec une piste d’atterrissage privée devant sa demeure, face à la future RN41. Quatre enfants naissent de l’union des pilotes.
Décoré de la Francisque
En 1937, Détroyat est choisi pour représenter la France lors du salon aéronautique de New York en 1937. En 1939, il donne sa première leçon de pilotage à Bao Daï, dernier empereur du Vietnam. Pilote officieux du maréchal Pétain, il effectue plusieurs vols pour l’armée de l’air et rejoint finalement l’industrie durant la Seconde Guerre mondiale. Il réalise plusieurs galas pour les prisonniers. Décoré de la Francisque (la plus haute décoration sous le régime de Vichy), il est contraint à l’exil en Argentine après-guerre. Il devient conseiller technique pour plusieurs firmes. Néanmoins, il revient en France en 1951 et participe à la guerre d’Indochine. Enfin, il signe son dernier exploit en posant son avion Piper sur une plate-forme de 50 mètres de long, le 7 mai 1956.
Le 5 octobre 1956, il décède à l’hôpital de Neuilly-sur-Seine d’une embolie cérébrale. Au total, cet officier de la Légion d’honneur a piloté 300 appareils différents en 8200 heures de vol. Il est aujourd’hui enterré dans les Pyrénées-Atlantiques.
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